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où et quand est né le capitalisme ?

**Titre : D’où vient le capitalisme ? Un voyage dans ses origines obscures et débattues**

Enfantait-on déjà du profit dans Éphèse (l’Égypte antique) ? Le capitalisme serait-il né en Italie médiévale ? Ou bien en Angleterre victorieuse du XVIIIe siècle ? La question de l’origine géographique et temporelle du capitalisme reste un débat passionnant, qui oppose historiens, économistes et philosophes. Alors, comment en finir avec les mythes ? Explorez avec nous cette quête historique qui traverse millénaires et continents.

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### **Le mythe du grand tournant : pourquoi la réponse est complexe**
Beaucoup croiraient que le capitalisme est né le 9 septembre 1776, jour de publication de *La Richesse des nations* d’Adam Smith. Pourtant, comme le rappelle le documentaire *Capitalisme* d’Arte, cette idée est une idée reçue. Smith fut certes un penseur clé, mais le capitalisme n’éclot pas un jour, il s’écrit sur des siècles.

Un autre mythe : le capitalisme serait une évidence. Or, comme l’explique le bloggeur Jean C. Baudet, des systèmes axés sur l’accumulation lucrative existaient dès l’Antiquité (les banquiers de Pompéi, les marchands de l’Asie, les réseaux de la Méditerranée romaine). Entre ces modèles anciens et le capitalisme moderne, il y a un fossé… mais aussi un héritage ?

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### **1. L’hypothèse « européen centrique » : l’Italie et les républiques au Moyen Âge**
Pour certains historiens, comme **Anthony Callari** (cité dans l’article de Cairn), le capitalisme naît avec les marchands vénitiens du XIᵉ siècle. Ces commerçants pratiquaient l’accumulation de capital, l’exportation, et même des techniques primitives de prêt à intérêt – bien que cela fût interdit par l’Église. La laine, les épices, les tissus du Proche-Orient.transforment des villes comme Gênes ou Florence en pôles financiers, avec des banques et des sociétés anonymes rudimentaires.

Néanmoins, ce système s’éteint à la Renaissance lors des guerres lagonaires : le capitalisme médiéval reste ancré dans des échanges qualifiés de *commerciaux*, non industrialisés.

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### **2. L’Angleterre victorieuse du XVIIᵉ siècle : la voie de Robert Brenner**
D’autres, comme l’historien **Robert Brenner**, situent l’explosion du capitalisme agricole et industriel en Angleterre au XVIIᵉ siècle. Pour lui, c’est le résultat de conflits sociaux : l’enclosure des terres paysannes, la centralisation des domaines par des marchands, et la révolution agricole entraînent une logique d’expansion systémique. Les investissements dans l’Océanic et le New World en font un phénomène *de classe*.

Mais ici aussi, le paradigme est européen. La perspective de **Immanuel Wallerstein** étend l’horizon : selon le theoricien des *systèmes mondiaux*, le capitalisme né au XVIᵉ siècle via les impérialismes coloniaux. Les flux de l’or espagnol, les plantations d’Amérique, la traite négrière… ce sont des piliers d’une économie globale de conquête et de spéculations boursières (ex : Compagnie des Indes Orientales).

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### **3. Contre-arguments : L’Orient et l’universalisation contestée**
Certains théoriciens, comme **André Gunder Frank**, revendiquent une filiation non européenne. Selon lui, la Chine Song et l’Inde médiévale, avec leurs banques et leurs marchés, incarnaient déjà des logiques capitalistes, que l’Europe a empruntées et systématisées. Ce débat rappelle que l’héritage est hybride : les routes de la soie, la finance arabo-persane, et le commerce maghrébin ont aussi fait de l’occident musulman un creuset… mais la globalisation européenne du XVe siècle aura finalement imposé son modèle.

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### **4. 1789 : La Révolution industrielle ou le mythe de la machine à vapeur**
Lorsque James Watt installe la machine à vapeur en 1765, il croit révolutionner le textile… mais le capitalisme moderne n’est pas seulement technique. La « révolution » tient aussi à la législation : la création de la Banque d’Angleterre (1694), les lois anti-enclosures, les contrats-esclaves… Ce sont ces institutions, plus que les machines, qui formalisent le jeu du marché libre et de l’investissement privé.

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### **5. Pourquoi cette difficulté à cerner l’origine ? Les critères flous du capitalisme**
– **Critère 1 : l’accumulation continue du capital**
Est-ce dès lors que les capitaux rapportent du profit ? Un marchand italien du XIVᵉ siècle ne faisait-il pas cela… mais sans industrialiser ses méthodes ?
– **Critère 2 : la dominance du marché sur l’économie prédatrice**
Avant le XVIIIᵉ siècle, l’économie restait essentiellement agraire. Le capitalisme triomphe quand l’argent devient la finalité du système, pas un outil du palais (comme sous l’Empire romain).

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### **Chronologie provisoire et géographie : le tourbillon**
– **XIE – XIVᵉ siècle** : Les réseaux commerciaux en Europe et en Asie cultivent une pensée profitorient, mais en systèmes fermés.
– **XVe – XVe siècle** : Les voyages de Christophe Colomb et Vasco da Gama enchainent ces mini-marchés en un réseau planétaire (même s’il n’est pas uni). Les profits coloniaux alimentent les métropoles européennes de Venise à Amsterdam.
– **1730-1850** : L’Angleterre et la France industrialisent, normalisent les marchés boursiers, et créent les lois anti-entrave au profit (laissez-faire). On entre dans un capitalisme *industriel*, différencié des systèmes anciens.

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### **Démystification : pourquoi ce débat persiste-t-il ?**
– **Angles politiques** : Le marxisme voit le capitalisme comme produit de la crise féodale. Le libéralisme y trouve une marche historique inévitable.
– **L’invention du terme** : Le mot *capitalisme* est inventé au XIXᵉ siècle par Saint-Simon, et les historiens le définissent postérieurement selon leurs objectifs.
– **Le mythe de l’Europe hégémonique** : Les pays non-européens, comme la Chine ou les États ottomans, développaient-ils des formes autonomes de capitalisme, neutralisées par la colonialité ?

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### **Conclusion : le capitalisme, un long processus… à multiples pères**
Est-il né en 1492 avec les « découvertes » géographiques ? En 1776 avec Smith ? En 1600 avec l’incorporation des Indes Orientales ? La réponse relève de la métahistoire : le capitalisme est une évolution longue et *inventée*, un assemblage de techniques, d’idées et de lois.

Aujourd’hui, cette histoire nous invite à la prudence : si l’on cherche ses racines dans l’espoir d’en sortir, il faut d’abord le comprendre comme un phénomène issu de choix politiques, de rapports de force… et de ruptures sanglantes (l’esclavage, les exils) qui l’ont bâti.

Alors, d’où vient-il ? Probablement d’un mélange de dynamiques médiévales, de crises sociales, et de conquêtes… Une chose est sûre : son origine n’est pas un éclair de génie, mais une accumulation… comme ses marchés.

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### **Résumé des théories clés en 3 concepts :**

1. **Brenner (Angleterre, XVIIᵉ) :** Naissance par la révolution paysanne et les crises féodales britanniques.
2. **Wallerstein (mondialisation atlantique, XVᵉ-XVIIᵉ) :** Un système mondial structuré par des colonisations et des hiérarchies impérialistes.
3. **Frank (Asie centrale) :** L’Orient a dominé économiquement jusqu’en 1500, l’Europe a juste emprunté son modèle et accru la violence coloniale.

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**À méditer :** Si le capitalisme a tant de pères putatifs, n’est-il pas qu’un fruit d’humains assoiffés de croissance et d’émancipation (…ou de domination) ? Répondez-nous en commentaires… et partagez pour lutter contre les idées reçues !

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**Sources explorées dans cet article :**
– L’article d’Yves-Hugot (Cairn) sur Brenner et Frank
– L’analyse de l’École anglo-saxonne
– Sources contradictoires du blog A Lupus et de Wikipedia
– Les clés d’Appleby sur l’ancrage européen

N’oubliez pas : la richesse des débats historiques est aussi passionnante que ses réponses ! 💡💼