Description

à qui doit-on le canal de suez ?

**À qui doit-on le canal de Suez ? Une histoire de génie, de puissances et de contradictions**

Le canal de Suez, ce ruban d’eau artificiel serpentant à travers l’Égypte pour relier la Méditerranée à la Mer Rouge, est une des artères les plus stratégiques du commerce mondial. Mais qui se cache derrière son existence ? Derrière ce mastodonte de 193 km, il y a une longue histoire parsemée de rêves, de rivalités et de revendications.

—

### **L’idée, un projet ancien mais modernisé par la France…**
L’idée de creuser un canal reliant les deux mers n’est pas nouvelle. Les pharaons antiques ou les Romains avaient déjà imaginé une telle voie pour relier l’Égypte à l’Asie. Mais c’est au XIXe siècle que le projet prend forme, porté par un personnage charismatique **Ferdinand de Lesseps**, un diplomate français. Né du succès précédant du canal de Suez, mais attendez, non, en réalité, c’est le canal de Suez qu’il a initié. Le projet trouve son élan sous Napoléon Bonaparte : durant sa campagne d’Égypte (1798), l’empereur avait fait esquisser des plans, mais la République ne suivit pas.

**Félix de Lesseps**, alors au service du gouvernement égyptien ottoman, reprend le flambeau en 1854. Grâce à sa persévérance et à son charisme, il convainc le *khédive d’Égypte*, Ismaïl Pacha, de lui accorder, en 1856, une concession de 99 ans. Le génie de Lesseps réside dans sa capacité à mobiliser des capitaux occidentaux (les deux tiers des fonds provenaient de la banque ? non, des investisseurs français et britanniques). Mais derrière les financements et la vision, les travaux réels reposent sur un labeur colossal : **plus de 1,5 million de ouvriers égyptiens** ont creusé le canal de 1859 à 1869, sous des conditions souvent difficiles.

—

### **De la France à l’Égypte : rivalités diplomatiques et réappropriation territoriale**

Ouvert en 1869, le canal est d’abord un symbole de puissance française. Cependant, son contrôle suscite la concurrence british. En 1875, l’Empereur britannique achète des parts clés du canal à une Égypte endettée, marquant le début d’un bras de fer diplomatique. En 1888, un traité international stipule que le canal est neutre en temps de guerre, mais le contrôle britannique se renforce au XIXe siècle, notamment à travers la *Compagnie du Canal de Suez*, majoritairement aux mains des investisseurs français et britanniques.

**Une revendication légale, mais pas morale** : bien que Lesseps soit souvent glorifié comme le *père du canal*, son rôle reste débattu. Certains historiens mettent en avant la contribution des travailleurs égyptiens et la pression de l’Occident sur un État colonialisé.

—

### **1956 : Le canal retourne aux Égyptiens, prix fort payé**

En 1956, Gamal Abdel Nasser nationalise le canal, marquant un virage pour l’indépendance égyptienne. Cet acte provoque une crise diplomatique majeure, entraînant une intervention militaire britannique, française et israélienne, ce qui conduit finalement à un désengagement européen et le canal entre totalement sous contrôle égyptien.

—

### **Le canal aujourd’hui : un enjeu géostratégique et économique**

Aujourd’hui, le canal a été agrandi plusieurs fois pour accueillir les géants du fret, comme le cargo *Ever Given*, coincé en 2021, illustrant sa vulnérabilité. La Suez Canal Authority (SCA), entreprise publique égyptienne, gère le canal, générant 3,5% du PIB national.

**Qui donc l’a “créé” ? À qui doit-on son existence ?**
– **Félix de Lesseps** : Architecte diplomatique et visionnaire. Sans son acharnement, le projet ne serait jamais né.
– **Les ouvriers égyptiens** : Millions d’heures de travail, souvent sous conditions pénibles, ont fait de ce rêve une réalité.
– **L’Égypte moderne** : Après des années de lutte coloniale, Nasser impose un contrôle stratégique sur l’ouvrage, réécrivant son statut à partir de 1956.

—

### **Entre gloire, exploitation et ambiguïté historique**

Le mérite est partagé, mais Lesseps reste le visage historique. En revanche, son entreprise a aussi mis en lumière les inégalités coloniales : les ouvriers paient le lourd tribut du progrès occidental.
Le canal, symbole d’une réussite technique, reste aujourd’hui une affirmation de souveraineté égyptienne, malgré les défis (cours de la SCA, pirateries maritimes…).

—

### **Conclusion : Le canal de Suez, patrimoine partagé mais revendiqué**

Le canal de Suez naît d’une alchimie entre une vision française, un labeur égyptien et une diplomatie complexe. Si les livres d’histoire célèbrent Lesseps comme « son père », l’histoire des « disparus » – les ouvriers, les gouvernements colonisés – doit aussi être entendue. Aujourd’hui, c’est l’Égypte moderne qui en tire fierté et profits, rappelant que les infrastructures ne sont pas neutres, mais portent l’empreinte de toutes celles et ceux qui les ont imaginées… et celles et ceux qui les ont construites.

—

**À méditer** : Si le Suez relie aujourd’hui l’Orient et l’Occident, son histoire rappelle aussi ce qu’il relie et oppose entre colons et colonisés, entre rêves capitalistes et réalités humaines. Son existence est donc autant une prouesse humaine qu’une mosaïque d’intérêts, toujours en mouvement.

*Vous l’aurez compris : le canal de Suez est à tous… Mais chaque acteur lui a insufflé sa part d’héritage.* 🌍🚢

*Qu’en pensez-vous ? Partagez ce rappel historique et débats dans les commentaires !*
*[Lire plus sur le blocage du 2021 et ses conséquences](https://theconversation.com/blocage-du-canal-de-suez-qui-va-payer-les-degats-159286).*