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qui a dit et la tendresse bordel ?

### Qui a dit : « Et la tendresse, bordel ? »

Dès le premier regard sur le titre « Et la tendresse, bordel? » (ou « Et la tendresse?… Bordel! » selon la version française), une étiquette peut l’accompagner : pur art subversif. Pourtant, malgré sa fameuse citation qui joue avec le tabou, le film hérite aussi d’un autre label moins flatteur : « œuvres négligées ». Il est temps de revoir un travail cinématographique alternatif à la fois provocateur et engagé, réalisé par Patrick Schulmann entre 1979 et 1983.

#### Patrick Schulmann, cinéaste entre talent et négligence

Après la disparition triste de Patrick Schulmann (1975-1990), il reste peu à se rappeler du cinéaste et de ses œuvres. Il est vrai qu’aucune réelle biographie en profondeur n’a été réalisée sur lui, laissant à ceux qui veulent en savoir davantage le bénéfice d’une recherche plus acharnée. Schulmann ne fut pas un cinéaste professionnel dans le sens classique du terme : ses films restent une création très personnelle, loin des codes établis de l’industrie. À défaut d’un réel talent de cinéaste et de scénariste (experts réservés), Schulmann possédait un vrai univers personnel, emprunté de poésie, d’absurdité, d’humour et de rêveries. Ses films s’en ressentent et se démarquent totalement d’autres produits similaires de la même époque.

Peu avant sa mort, Patrick Schulmann a réalisé deux films courts qui, malgré leur courte durée, ont laissé une empreinte indélébile dans le cinéma alternatif : « Et la tendresse ?… Bordel! » (1978) et « Et la tendresse, bordel ? 2 » (1983). Ces œuvres sont étroitement liées et peuvent être considérées comme une sorte d’épopée cinématographique sur le monde depravé des clubs érotiques, des clubs closes et une société où le désir est quelque chose de répréhensible et d’interdit.

Dans « Et la tendresse ?… Bordel! », Schulmann filme de son regard unique la vie quotidienne à l’intérieur d’un club érotique d’Hommes. Entouré par une résonance poétique et sociale, Schulmann nous tend l’invitation de sourire et de rire face à l’absurdité générale du monde, tout en nous laissant des questions en suspend. L’idée de rebâtir la société et de la humaniser par le biais de la tendresse est une toile aux nuances multiples, où se mêlent lucidité et engouement populaire, réalisme et hyper-réalisme.

Pour ceux qui soupçonnent le réalisme surréaliste et au-delà de l’absurde dans des moments quotidiens, Schulmann est un cinéaste magistral. « Et la tendresse, bordel ? 1 & 2 » nous offrent une expérience unique mêlant humour noir, poésie et une réflexion sur la place du désir dans la société d’alors.

Le film est divisé en plusieurs épisodes dépeignant différents aspects de la vie dans un club érotique d’Hommes. Schulmann mêle réel et artifice au travers d’une esthétique très particulière, mêlant documents, jeux d’acteurs et autres éléments pour dessiner une image détaillée de cette sous-culture.

#### Le malentendu et la rébellion populaire

Si l’on suit le fil des recherches sur le cinéma alternatif, il est possible d’y trouver de nombreux films réalisés par des cinéastes devenus des figures monumentales au fil du temps. Ce n’est pas le cas pour Patrick Schulmann qui reste présentément dans l’ombre des figures cultes comme Godard ou Kurosawa. Pourquoi? Un questionnement plus approfondi est nécessaire.

Le malentendu sur la place du désir, l’art et la subversion dans la société démocrate est en grande partie à l’œuvre ici. Ces œuvres sont bien plus qu’un appel provocateur au nihilisme : elles sont une réflexion sur la nature même du monde, un rappel subtil de l’importance d’abandonner les certitudes évidentes pour donner de nouvelles interprétations du monde. Au cinéma comme dans la vie, Schulmann nous incite à ne jamais soumettre à la case « règles établies ».

On peux penser que certains aspects de la vie des clubs feront présumer de la vulgarité, de l’immoralité, et même de l’indécence, mais Schulmann perçoit ces lieux comme autant de boutiques d’idées, des espaces de liberté, d’aventures, d’émotions puissantes et de création artistique. Il nous entraîne dans la vie implacable du monde des clubs érotiques, avec une vision unique et poétique de l’homme et de la société.

De la vulgarité à la poésie

D’autres que Schulmann ont bien sûr exploré le monde de l’adulte et des clubs érotiques, mais sa façon unique de recadrer ces scènes, de les recouvrir de poésie et d’un sens profond, les distingue considérablement des autres. Cette façon de faire pourrait expliquer pourquoi Schulmann est largement ignoré par le grand public. Si certains titres du cinéma alternatif peuvent être dérangeants ou plus conventionnels, ceux de Patrick Schulmann ne relèvent pas de ces catégories : ils sont une vraie réflexion sur l’homme et la société d’alors.

#### Un bilan remarquable

En conclusion, Patrick Schulmann a réussi à créer quelques œuvres cinéma alternatives qui continuent à conquérir leur place parmi les œuvres underground et le cinéma expérimental. Il nous invite des questions sur la place du désir, de l’art et de la créativité dans notre société. « Et la tendresse, bordel! » reste une œuvre hors du commun qui mérite d’être découverte, appréciée et étudiée. La tendresse est décidément à chercher, même si cela force à se mettre à l’endroit opposé avec une société qui nous répète constamment qu’il y a des choses qui ne passent tout simplement pas.

Il est incontestable que Patrick Schulmann a laissé un héritage cinématographique très singulier et qui devrait faire tilt dans le cinéma alternatif. Même s’il n’a pas marqué l’époque comme d’autant plus grands que lui, il reste une voix musicale unique de ce paysage souvent négligé. Et la tendresse, si je vous le demande ? Elle est bien là dans notre société, il suffit de savoir la chercher et de la voir pour la comprendre.