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qui a dit science sans conscience n’est que ruine de l’âme ?

### L’Engagement Philosophique de François Rabelais : De la Connaissance à la Conscience

Dans le célèbre roman de Pantagruel, *Science sans conscience n’est que ruine de l’âme* a été énoncé par François Rabelais. Cette citation, aujourd’hui gravée dans le marbre des citations philosophiques, mérite d’être revisitée lorsqu’on réfléchit aux enjeux et aux responsabilités qui accompagnent la recherche scientifique dans notre société contemporaine.

*La Vision de Saint Augustin par Vittore Carpaccio (1455-1526), un tableau au clair lien avec la réflexion sur la conscience et la science en ligne avec la pensée de Rabelais.*

#### Une Préoccupation Fondamentale : Le Scepticisme et la Finitude Humaine

Il convient de souligner que Rabelais était fervent sceptique et fondateur du scepticisme moderne. Il critiquait particulièrement ceux qui ignoraient leur propre finitude et défiaient ces limites sans discernement. Cependant, Rabelais n’est pas un opposant de l’instruction scientifique: il voulait plutôt inciter ses lecteurs à adopter une posture critique à l’égard de la science.

La citation précise de Rabelais est souvent interprétée comme une caution pour utiliser la science de manière régulée et équilibrée. Cependant, à première vue, la façon dont elle est souvent utilisée pour attester des dangers de la science sans contrôle et sans idéologie n’est pas tout à fait conforme à la pensée de Rabelais.

Cette franchise n’est pas sans rappeler le dilemme qu’évoque Saint-Augustin dans *La Cité de Dieu*, où il suggère : « Sagesse n’entre pas en âme malveillante et que Science sans Conscience ne serait que ruine de l’âme ». Pour comprendre l’intuition derrière ces mots, il est crucial de se concentrer sur le contexte historique et philosophique de Rabelais.

#### Rabelais, Au-Cœur de l’Humanisme

Au 16ème siècle, l’humanisme révolutionnait l’époque en axant l’éducation et la recherche sur l’homme, ses capacités et sa place dans le monde, plutôt que sur l’alimentation des pratiques religieuses jusqu’alors omniprésentes. Cette révolution intellectuelle a suscité une série d’opinions variées, certains la saluèrent comme une voie d’accès à la connaissance et à la spiritualité, d’autres critiquèrent ses implications et y voyaient une menace pour les valeurs morales et spirituelles existantes.

Dans Pantagruel, lorsqu’il a introduit cette citation, Rabelais, bien qu’ayant lui-même beaucoup d’admiration pour l’éducation et la connaissance, évoquait tout autant l’idée que la recherche et l’agitation intellectuelle sont insoucieuses quand elles ne sont pas guidées par des principes moraux et spirituels. Selon Rabelais, la réelle question n’était pas de mépriser la science mais plutôt d’incliner cette vertuosité intellectuelle vers le bien et les valeurs supérieures.

#### Du Scepticisme à la Connaissance Structurée

Comme sceptique, Rabelais encourageait un examen critique des connaissances et des valeurs acquises, mais il reconnut aussi une nature fondamentale de l’homme : sa finitude. Rabelais défendait ainsi une position médiévale qui séparait l’humain de la divinité et reconnaissait qu’il ne détenait pas de vrai savoir (le savoir véritable étant réservé à Dieu). C’est pour cette raison qu’il prônait de faire couler la science, qui est toujours incomplete, à travers une conscience moralité orientée par les principes chrétiens.

#### Un Débat Actuel : La Conscience Scientifique dans le XXIème Siècle

Dans un monde où la technologie évolue à un rythme incroyablement rapide, cette citation de Rabelais acquiert une nouvelle résonance. La science, outil précieux pour l’humanité, peut également devenir destructrice lorsque peu de personnes la maîtrisent réellement et s’en servent en toute connaissance de cause.

La biotechnologie, la physique nucléaire, l’IA… ces secteurs sont pleins de promesses mais aussi de risques moraux et éthiques. En effet, la science sans éthique peut rapidement devenir un outil dévastateur.

Ainsi, Rabelais rendrait probablement visite à nos universités, nos laboratoires et nos entreprises et leur rappellerait ces mots. Il suggérerait qu’il est essentiel de ne pas se laisser submerger par les avancées technologiques, mais plutôt de parvenir à les contrôler à travers une éthique scientifique et un respect pour les valeurs humaines.

#### Pour une Science Responsable

Les enjeux actuels de la science et de la technologie rappellent immuablement la nécessité d’un engagement éthique et moral de la part des chercheurs et des acteurs de la technologie. **Il est urgent de sortir du cycle de la « science pour la science » et d’intégrer le modèle de « science pour l’humanité » ou « science ethique ».**

Pour que la science ne soit pas une ruine de l’âme, il est essentiel de développer une conscience de la manière dont nos actions et nos découvertes influencent l’humanité et l’environnement. L’un des défis de notre époque est de trouver les moyens de garantir la responsabilité de la main qui agit, le but et la manière de mettre en œuvre la science.

Pourquoi pas un retour à la base même des valeurs humaines et morales ? Rappelons que, malgré sa nature sceptique, Rabelais ne dédaignait pas l’espoir et la responsabilité. Il s’agissait plutôt du principe fondamental qu’il était nécessaire de suivre : respecter les limites de la connaissance humaine et savoir dans quelle mesure même la plus vaste intelligence peut avoir un impact négatif si elle n’est pas guidée par une vision plus profonde des valeurs humaines, morales et spirituelles.

Au final, cette citation nous invite à y réfléchir.
**La science sans conscience est-elle vraiment une ruine de l’âme ou est-ce que c’est juste le corps qui manque de conscience sur les conséquences de la science ? La réponse réside dans notre capacité collective à utiliser la science de manière éthique et responsable.**

Dans une époque où la science est un pilier central de notre société, cette citation de Rabelais offre une clé de compréhension, une déclaration déclenchant réflexion – une impulsion morale pour la société à penser à la conscience et à l’éthique dans la pratique de la science.

**Et vous ? Comment voyez-vous cette interprétation historique et comment cela s’applique-t-elle à notre monde moderne ? Posez-vous des questions? Cherchez-vous à développer cette réflexion pour l’avenir ?**

N’oubliez pas de partager vos réflexions dans les commentaires ! Je suis là pour les lire et discuter avec vous !

### Conclusion

Bien avant que le terme moderne de *sécurité et de responsabilité en matière de recherche* ne soit promu par l’Union européenne ou d’autres institutions, Rabelais formule cette idée avec toute la puissance et le poésie de sa langue. **La véritable force de cette citation réside même dans la nécessité de s’interroger de manière constante et de réconcilier notre soif de compréhension de l’univers et notre responsabilité morale vis-à-vis des êtres humains.**

Qu’il s’agisse de l’utilisation responsable des nouvelles technologies, de la gestion des connaissances grâce à une éthique de la recherche solide ou même simplement de l’éducation dans une perspective globale, Rabelais nous rappelle que la science n’est pas dénuée de conscience, c’est à nous d’en faire preuve dans nos actions quotidiennes, dans nos choix et dans nos innovations.

Retrouvoyez de nombreuses sources supplémentaires pour approfondir vos réflexions en cliquant sur les références mentionnées ci-dessus.

Il est temps de porter cette phrase de Rabelais sur les tribunes de nos lèvres pour rappeler encore et encore qu’il faut toujours réfléchir aux conséquences de nos découvertes et applications scientifiques, avant de les mettre en œuvre. L’humanité, dans tous ses multiples domaines, a besoin de se rappeler la nécessité de la conscience dans nos entreprises scientifiques.

Cette citation, loin d’être obsolète, continue son parcours à travers le temps et les cultures, évoquant toujours la nécessité d’un équilibre entre la quête de la connaissance et la responsabilité morale.

*C’est l’âme qui ne porte pas conscience, c’est à nous de le faire.*