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le ou la écriture inclusive ?

  • Listed: 27 août 2022 22 h 54 min

Description

Pour un article plus général, voir Langage épicène.
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Le langage inclusif en français est un ensemble de moyens linguistiques visant à assurer une égalité de genres dans la langue française, en la démasculinisant et en évitant les expressions renforçant les stéréotypes de genre, soit par le dédoublement des marques de genre, soit en les neutralisant (généralement grâce à une forme indifférenciée). Les débats à son propos commencent dans les années 1970-80 et son intégration est variable dans la francophonie.
Parmi les possibilités du français inclusif, l’utilisation du point médian dans les doubles flexions abrégées est l’objet de critiques principalement par des groupes conservateurs et par certains collectifs de personnes en situation de handicap en raison des difficultés que cette graphie apporte à des personnes dyslexiques, ou à des personnes aveugles ou malvoyantes, dépendantes de logiciels d’aide à la lecture ou de synthèse vocale qui ne sont pas encore programmés pour lire une telle écriture.
Définition[|]
« Le langage non sexiste utilise différentes techniques, graphiques et syntaxiques, pour « assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes »1 et lutter contre le sexisme et les inégalités de genre. Il s’agit donc de rendre visibles des femmes et des personnes non binaires, à l’oral ou à l’écrit, en s’opposant à l’idée que le masculin et les hommes représenteraient l’universel. Les termes langage non discriminant, épicène, égalitaire, inclusif, dégenré, non sexiste, démasculinisé, etc. renvoient au même enjeu : bannir l’emploi d’un langage qui reproduit les rapports de genre.2 »
— Marie Loison, Gwenaëlle Perrier, Camille Noûs, Introduction. Le langage inclusif est politique : une spécificité française ?
Alpheratz, linguiste, définit le langage inclusif comme « l’ensemble de variations du français standard fondées sur le genre et comme variété en usage dans plusieurs groupes sociaux ayant pour point commun une conscience et/ou une politique de genre »34,5,6,7. C’est ainsi une variation diaéthique8,5 relevant « de la conscience de genre, d’identité, d’égalité et de la performativité de la langue » 5, « conscience d’effectuer un acte politique motivé par une conscience de genre et par le souci du respect des représentations symboliques et des catégories sociales minorisées »9,4. Ces variations tendent à proposer ou constituer un genre grammatical neutre10,5,9,8,7,6.
Sont observés :
« deux types de métastratégies qui poursuivent un objectif en apparence contraire, la visibilisation de la dualité des genres et la neutralisation des marques genrées ; dans les deux cas, la stratégie peut en principe avoir une étendue locale (c’est-à-dire sans porter atteinte au système du français) ou globale. Dans ce dernier cas, une refonte complète du système de genre serait nécessaire, qui générerait très certainement de vives oppositions conscientes et cognitives.11. »
— Daniel Elmiger, Binarité du genre grammatical – binarité des écritures ?
Intérêt[|]
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Usages[|]
Panneau pratiquant la flexion à trait d’union à Fontenay-sous-Bois.
Pratiques[|]
Les pratiques possibles :
l’emploi de formules englobantes : « la population française », « les droits humains » ;
l’emploi de mots épicènes, c’est-à-dire prenant la même forme aux deux genres ou pouvant désigner aussi bien des femmes que des hommes : parler d’« élèves du lycée » plutôt que de « lycéens », de « personnalité politique » plutôt que d’« homme politique », au risque d’une altération du sens lorsqu’il n’existe pas de terme épicène strictement équivalent au terme genré. Le genre d’un nom prenant la même forme au féminin et au masculin peut toutefois apparaître dans le contexte si ce nom est précédé d’un article au singulier (« un/une ministre ») ou lorsqu’il est accompagné d’un adjectif (« trois élèves doués/douées »), ce qui doit être pris en compte si on cherche à utiliser un langage non genré12 ;
le doublet (ou double flexion) : « Français et Françaises », « toutes et tous », « travailleuses, travailleurs » ;
les formes contractées (ou doublets abrégés) :
l’emploi de parenthèses : « musicien(ne) ». Les parenthèses peuvent être également utilisées pour noter un pluriel facultatif : « le(s) musicien(ne)(s) » ;
l’emploi du caractère « / » : « musicien/ne » ;
l’emploi du E en capitale : « motivéEs »… Cette forme est fréquemment utilisée en allemand ;
l’emploi du trait d’union : « musicien-ne-s », « motivé-e-s », et même l’article « un-e » ;
l’emploi du point médian, qui est semblable au trait d’union mais plus discret, avec ou sans un deuxième point13 : « musicien·nes » (ou « musicien·ne·s »), « motivé·es » (ou « motivé·e·s »), mais empêche la lecture d’un texte par certains logiciels de synthèse vocale14. Des solutions existent avec des outils pour améliorer le support par les lecteurs d’écrans15,16,17,18;
l’emploi du point, plus facile d’accès sur un clavier que le point médian, mais qui peut prêter à confusion : « musicien.ne.s », « motivé.e.s » ;
la double flexion abrégée : « acteurs/trices » ou « acteurs·trices ».
L’emploi de néologisme mélangeant les deux flexions : « agriculteurices ».
les flexions neutres en æ, x, z (au pluriel)19,20, aire, an21,19.
la féminisation des noms de métiers : « bûcheronne », « développeuse », « autrice » ;
Féminisation et neutralisation[|]
Articles détaillés : Féminisation des noms de métiers en français et Féminisation linguistique.
La féminisation consiste à utiliser des formes féminines pour expliciter la présence possible de femmes et/ou de filles dans un groupe. Des doublons, doublets ou « formes pairées », sont utilisés pour marquer la féminisation ; des « étudiantes et/ou étudiants », au lieu de parler des « étudiants ». Ce procédé soulève cependant plusieurs questions22 :
Quel ordre de mention choisir ?
Pour certains noms de métiers, quelle version féminine choisir ? Par exemple, « professeuse » ou « professeure ». Le dictionnaire de Thérèse Moreau présente un historique et une réflexion sur la féminisation des noms de métiers23.
Les doublons nous poussent-ils à nous représenter le genre de manière binaire ?
La neutralisation consiste à ne pas définir une personne ou un groupe en fonction d’un genre. Plusieurs stratégies peuvent alors être utilisées24 :
l’utilisation d’un troisième genre grammatical (comme en allemand) ;
l’utilisation de termes épicènes (comme « une personne », par exemple) ;
la désignation d’un groupe plutôt que l’utilisation de doublons (« la population migrante » au lieu du doublon « les migrantes et les migrants ») ;
la reformulation afin d’éviter d’expliciter le genre.
Non-binarité dans la langue[|]
Articles connexes : Pronom neutre en français contemporain, Genre neutre en français moderne et contemporain et Non-binarité.
Genre neutre et traces du neutre[|]
En français, le genre grammatical neutre issu du système de genre latin ne subsiste que sous forme de traces25,26 (ce, ceci, cela27, l’adjectif pis28). Toutefois, en France, l’Académie française considère qu’en français, le neutre est exprimé par le recours au masculin utilisé en tant que genre non marqué. Cette position est contestée par le Haut Conseil à l’égalité et des linguistes comme Éliane Viennot puisque les formes au « masculin générique », comme le montrent les recherches en psycholinguistique29,30,31, « active[nt] moins de représentations de femmes auprès des personnes interpellées qu’un générique épicène »26.
De plus des propositions d’un genre grammatical neutre existent (système al d’Alpheratz, celui de Florence Ashley)32,33,34 ainsi que des typographies inclusives (les fontes non binaires Cirrus Cumulus et VG500 de « la collective » franco-belge Bye Bye Binary35, la police inclusive de Tristan Bartolini36)37.
Français neutre et néologie[|]
Florence Ashley distingue deux possibilités de neutralisation : l’approche modulaire où le choix des stratégies de français neutre est libre (facilité d’adoption et d’apprentissage de par sa flexibilité), et l’approche systémique, où le choix de celles-ci est fixé par un ensemble de règles (plus rigoureuse et ainsi plus apte à être adoptée institutionnellement)33.
Les personnes non binaires peuvent utiliser des néologismes38. Pour se désigner, elles peuvent décider d’utiliser des néopronoms et des néoarticles, des pronoms ou des articles non genrés. Il s’agit d’un choix qui varie selon chaque personne non binaire39. Certains pronoms sont déjà utilisés dans la communauté LGBTQ francophone, tandis que d’autres sont inventés par les personnes elles-mêmes39. Ainsi, plusieurs pronoms ont été inventés pour pallier l’absence de pronom neutre en français39. Le pronom « iel »40,38 (aussi écrit « yel »41 ou « ielle »39) est le plus utilisé selon une enquête menée en 2017 par le blog La vie en Queer sur la base 286 réponses42. Il existe cependant d’autres néopronoms, comme « ille », « ul », « ol », « ael », « æl », ou « ele »43,44. Pour remplacer les pronoms « lui » et « elle » (« avec lui / elle ») « ellui » est employé45. Les pronoms totalisants comme « toustes », « touz »33, et « tou-te-s » sont utilisés à la place de « tous » ou « toutes »46.
Ces néopronoms sont accompagnés de néoarticles, comme « lae » pour « le / la »39. Les adjectifs possessifs comme « mon » ou « ma » sont parfois remplacés par des formes comme « mo », « maon » ou « man » et les pronoms démonstratifs « celui » et « celle » par « cellui », ainsi que « celleux »47 ou « ceuses » au pluriel46.
Les accords associés dépendent des personnes : accords féminins, accords masculins ou double flexion abrégée41 (« iel est content·e »), ou bien encore accords alternés33. Il existe d’autres formes pronominales néologiques telles que des marqueurs (suffixes) de neutre tels que « x » ou « æ »48,49,33. Le pronom neutre « al » est accompagné d’accords neutres « an, aine, aire, al, x, z »48.
Tableau des néologismes non binaires :
Masculin Feminin Formes non binaires
Pronom personnel singulier il elle iel, yel, ielle, ael, æl, aël, ol, olle, ille, ul, ulle, al, i, im33em, el49,47, elli, yol25
Pronoms toniques lui/ eux elle/ elles ill[réf. nécessaire]
ellui, elleux47,49, euxes49
Article définis le la lu, li, lia, lae25,47,49 , lo, lea, le.a47, le-a, la-e, læ, ly, l’25
Articles indéfinis un une um47,49, om, on, im, an, un.e47, uno, unu, yn25
Déterminant possessif mon/ ton/ son ma/ ta/ sa mo/ to/ so47man/ tan/ san47,49
maon/tan/saon47
ma.on/ ta.on/ sa.on
Tableau du français non binaire proposé par F. Ashley, adapté des travaux d’Alpheratz (2018)33
Catégorie Français genré Approche modulaire
(termes apparemment les plus communs au Québec)
Système
proposé
Pronoms personnels Elle, il, lui, elles, ils,
eux
Iel, iels, ille, illes, ellui, elleux Al, lu, als, auz
Pronoms démonstratifs Celle, celui, celles,
ceux
Cellui, celleux, ceuzes Céal, çauz
Articles définis La, le Lea, lae, læ Lu
Articles indéfinis Une, un Un·e, an An
Articles contractés Au, du À lea, de lea, à læ, de læ À lu
Déterminant démonstratif Cette, ce, cet Cet·te Çu
Déterminants possessifs Ma, ta, sa, mon, ton,
son
Maon, taon, saon, man, tan,
san
Mu, tu, su
Déterminants interrogatifs et
exclamatifs
Quelle, quel Quel·le, quæl Quéal
Autre/plusieurs Toute, tout, toutes, tous Tout·e, tou·te·s, touz Touxe, touze
L’emploi des pronoms et accords demandés permet d’assurer aux personnes non binaires une meilleure santé mentale50,51, aussi est-il recommandé de ne pas les mégenrer52,41. Toutefois l’usage de ces néologismes non binaires est actuellement rare53 dans les discours dominants et se retrouve dans les sous-cultures trans, non-binaires et queers33. L’emploi des néopronoms fait l’objet de critiques et parfois de moqueries39.
L’emploi des néopronoms n’est pas approuvé par les autorités linguistiques de la langue française39. Au Québec, l’Office québécois de la langue française évoque, en matière de rédaction non binaire, le recours à la formulation neutre, c’est-à-dire « l’ensemble des procédés de rédaction qui privilégient les termes ou les tournures qui ne comportent pas de marques de genre relatives à des personnes ». En revanche, il « ne conseille pas le recours aux néologismes comme le pronom de troisième personne « iel » ou le nom « frœur » en remplacement de « frère/sœur » que la rédaction non binaire emploie, en complément de la formulation neutre », considérant que ces néologismes « restent propres aux communautés de la diversité de genre »54.
L’accord de proximité[|]
Article connexe : Règle de proximité.
L’accord de proximité est un accord grammatical qui consiste à accorder le genre et éventuellement le nombre de l’adjectif avec le plus proche des noms qu’il qualifie et le verbe avec le plus proche des chefs des groupes coordonnés formant son sujet. Cet accord, présent en latin mais progressivement abandonné en français, a commencé à être disqualifié à partir du xviie siècle55.
L’accord au masculin a donc pu être considéré comme une marque de domination masculine56. Ainsi, pour justifier la primauté du masculin, l’abbé Bouhours déclare en 1675 que « quand les deux genres ſe rencontrent, il faut que le plus noble l’emporte »57 ; étant entendu que, comme l’explique le grammairien Beauzée en 1767, Le genre maſculin eſt réputé plus noble que le féminin, à cauſe de la ſupériorité du mâle ſur la femelle (« Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin, à cause de la supériorité du mâle sur la femelle »)58. Cependant, pour la linguiste Danièle Manesse, qui entend résumer ainsi les travaux de l’historien André Chervel, la formule « le masculin l’emporte sur le féminin » n’est quasiment pas présente dans les manuels scolaires, tant au xviie siècle qu’au xxe siècle59 (Louis-Nicolas Bescherelle, en 1850, utilise en effet à la place la formule « le masculin est plus noble que le féminin »60). Pour André Chervel, « le petit nombre des occurrences de la formule dans l’imprimé contraste avec son incroyable célébrité »61.
Lisibilité[|]
Les psycholinguistes Pascal Gygax et Noelia Gesto ont étudié la lisibilité de textes féminisés chez une population valide et ont démontré que la lecture est ralentie uniquement à la première occurrence et ne pose pas de problèmes de compréhension62,63. L’étude s’est déroulée de la façon suivante : ont été données « à lire à 40 étudiantes et étudiants cinq descriptions de différentes professions. Pour chacune de ces professions, quatre descriptions différentes ont été rédigées : une version avec la profession au masculin, une avec la profession au féminin et deux versions avec la profession sous formes épicènes. La vitesse de lecture des descriptions de professions sous une forme épicène ou féminine, même si celle-ci était plus lente à la première occurrence du nom de métier, retrouvait son rythme normal, ceci dès la deuxième occurrence, indiquant un effet d’habituation. Les résultats indiquent par ailleurs que la féminisation des noms de métiers ne joue pas de rôle quant à la valorisation ou la dévalorisation de ces métiers »63.
De même, Julia Tibblin, dans son étude sur l’évaluation des textes en français inclusif, rapporte que « le texte rédigé en langage inclusif est moins bien évalué, mais semble être aussi bien compris que le même texte au masculin générique. Des analyses supplémentaires montrent une corrélation positive entre les attitudes envers le langage inclusif et l’évaluation du texte, mais seulement lorsque le texte est écrit avec ce type de rédaction. »64.
L’écriture inclusive se heurte toutefois à certaines limites, notamment lorsqu’elle est appréhendée par les populations en situation de handicap (dyslexiques, mal-voyants, analphabètes par exemple), âgées ou encore maîtrisant mal la langue française. L’écriture inclusive peut être excluante pour de nombreuses personnes. De plus en plus de services et d’administrations introduisent aujourd’hui le Facile à lire et à comprendre (FALC), une méthode de communication inclusive anglo-saxonne65 qui utilise un langage et une ponctuation simplifiés, permettant de rendre l’information plus claire et plus accessible66.
Réception[|]
Internationale[|]
Les linguistes Daniel Elmiger et Verena Tulger remarquent que les espaces francophones et italophones en contact avec d’autres langues (Québec, Trentin-Haut-Adige) sont plus sensibles à la féminisation de la langue67. De même Julia Tibblin observe que « les personnes habitant dans une aire linguistique francophone autre que la France ont des attitudes plus positives que les Français-es envers le langage inclusif. »64.
Elle constate aussi que « les femmes ont des attitudes plus positives envers le langage inclusif que les hommes » et observe « une corrélation positive entre les attitudes d’une personne envers l’égalité des genres et ses attitudes à l’égard du langage inclusif »64.
Belgique[|]
Fin septembre 2021, un projet de décret « relatif au renforcement de la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre et aux bonnes pratiques non discriminatoires quant au genre, dans le cadre des communications officielles ou formelles » est approuvé à l’unanimité par la commission Droit des femmes du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles68. Ce décret concerne l’ensemble des communications orales et les documents écrits émanant des instances de la Fédération (gouvernement, Parlement…), des communes, des provinces et des institutions subventionnées ou reconnues par la Communauté française. Différents principes sont définis69 :
les noms de métier, fonction, grade ou titre doivent être formulés au féminin lorsqu’ils concernent une ou plusieurs femmes ;
pour des ensembles mixtes, les formules doubles, épicènes ou passives sont à privilégier ;
la forme générique masculine et les pronoms masculins peuvent être utilisés pour désigner des ensembles mixtes à condition que ce caractère mixte soit clairement préétabli ;
l’usage du point médian est limité au contexte écrit où l’espace manque
France[|]
Article détaillé : Controverse autour de l’écriture inclusive en France.
Débat linguistique[|]
Des linguistes signent différentes tribunes pour ou contre. Ainsi le 18 septembre 2020, dans une tribune publiée sur le site de Marianne, 32 linguistes (dont Élisabeth Bautier, Louis-Jean Calvet, André Chervel, Pierre Le Goffic, Georges Kleiber et Georges-Elia Sarfati) prennent position contre l’utilisation des graphies abrégées à l’aide du point médian70,71. Une semaine plus tard, une autre tribune publiée sur le site Mediapart et signée par 65 linguistes prend le contre-pied de la première71,72,73.
Débat politique[|]
En France le débat est largement commenté par les différentes classes politiques, et suscite une opposition généralisée de la droite et de l’extrême-droite74,2. Ces groupes tendent à s’opposer plus généralement aux causes féministe et LGBT+2.
En 1984 le gouvernement français diffuse une circulaire en faveur de « la féminisation des titres et fonctions et, d’une manière générale, le vocabulaire concernant les activités des femmes » 75et crée une « commission de terminologie chargée d’étudier la féminisation des titres et des fonctions, et d’une manière générale, le vocabulaire concernant les activités des femmes »76,75, commission présidée par Benoîte Groult74. Deux circulaires du Premier ministre se prononcent en sa faveur : le 11 mars 198677 et le 6 mars 199878.
L’article 1er de la loi no 2008-496 du 27 mai 2008 sur la discrimination79 et les guides pratiques diffusés par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes80,81 ainsi que la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT82 recommandent d’adopter un langage non sexiste83,84. En novembre 2015, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) publie un Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe81,85. Ce guide détaille dix recommandations qui invitent à promouvoir un langage reflétant le principe d’égalité entre les femmes et les hommes86. Pour l’écrit, il propose notamment la pratique double genrée à l’aide du point (par exemple : « les sénateur.rice.s »). La possibilité d’utiliser le point médian comme alternative au point sera ajoutée dans la version 2016 du guide (par exemple : « les sénateur·rice·s »).
Le 21 février 2012 sous l’impulsion de Roselyne Bachelot, les termes et expressions « mademoiselle », « nom de jeune fille », « nom patronymique », « nom d’épouse » et « nom d’époux » sont supprimés des formulaires et correspondances administratifs français, par la circulaire no 557587.
La circulaire du 21 novembre 2017 précise les règles de féminisation et de rédaction des textes publiés au Journal officiel de la République française. Les formules inclusives de type « les candidats et les candidates » sont à privilégier. Les fonctions doivent être accordées au genre de la personne, donc au féminin lorsque la fonction est exercée par une femme. Il s’agit d’employer par exemple, « la ministre », « la secrétaire générale, préfète, cheffe de bureau », etc. En revanche, cette circulaire bannit l’usage du point médian dans les textes officiels, notamment les publications au Journal Officiel88. Elle indique que : « le masculin est une forme neutre qu’il convient d’utiliser pour les termes susceptibles de s’appliquer aux femmes »89.
Le 6 mai 2021, dans une circulaire publiée au Bulletin officiel de l’Éducation nationale90, et adressée aux recteurs d’académie, aux directeurs de l’administration centrale et aux personnels du ministère de l’Éducation nationale, le ministre Jean-Michel Blanquer proscrit une partie de l’écriture inclusive à l’école, en particulier son utilisation du point médian91,92,93,94.
Académie française[|]
En 2014, l’Académie française indique qu’elle « n’entend nullement rompre avec la tradition de féminisation des noms de métiers et fonctions… », mais souligne « le contresens linguistique sur lequel repose l’entreprise de féminisation systématique »95. Elle récuse l’autorité du gouvernement à réformer la langue et s’oppose à cette tendance en 1984 puis en 200296. En 2014, elle reprend cependant une conclusion de la Commission générale de terminologie et de néologie qui « s’incline [devant] le désir légitime des individus de mettre en accord, pour les communications qui leur sont personnellement destinées, leur appellation avec leur identité propre96 ».
En 2017, l’Académie française prend une position défavorable aux marques de l’écriture inclusive, les estimant illisibles97. Elle déclare notamment que « devant cette aberration « inclusive », la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures »98,2. Éliane Viennot critique l’Académie, qui y « nie (…) l’activisme qu’a développé l’institution depuis une trentaine d’années pour entraver les évolutions que connaît la langue, sous la pression conjuguée des évolutions sociales (…) et des signaux positifs envoyés par le pouvoir via des circulaires enregistrant cette avancée (1986, 1998, 2017). »99,100,101.
L’Académie française rédige en 2019 un rapport sur la féminisation des noms de métiers et de fonctions, en y préconisant le retour de certaines formes féminisées102,96. Elle renouvelle son opposition à l’écriture inclusive le lendemain de la parution de la circulaire de Jean-Michel Blanquer du 6 mai 2021 par une Lettre ouverte sur l’écriture inclusive103.
La position de l’Académie française, ainsi que son rôle en général, sont vivement contestés par ses opposants104,105.
Québec[|]
Au Québec, la rédaction épicène est recommandée par l’Office québécois de la langue française (OQLF) depuis 1981106,107. L’Office québécois de la langue française préconise en premier lieu l’emploi de doublets complets (c.-à-d. la forme non réduite)108. À défaut, si l’on manque de place ou dans les écrits de style télégraphique, on peut utiliser les doublets abrégés avec des (parenthèses) ou des [crochets]108,109, à l’exclusion d’autres formes110.
Les réflexions sur le sujet sont nombreuses au Québec dès les années 1970111. La féminisation lexicale est encouragée dès 1979 par l’Office québécois de la langue française112, qui promeut également la rédaction épicène113. Dans la Banque de dépannage linguistique, l’Office propose le sous-thème Féminisation et rédaction épicène, qui regroupe de nombreux articles sur ces sujets114. Il offre également en ligne une formation sur la rédaction épicène115.
Suisse[|]
Le courant prônant l’emploi d’un langage épicène (expression souvent employée en Suisse) a atteint les sphères officielles à la fin du xxe siècle116,117. En 1996, la Chancellerie fédérale édite un « guide pour la formulation non sexiste des textes législatifs et administratifs » pour l’allemand — le Leitfaden zur sprachlichen Gleichbehandlung118 — puis, en 2000, un Guide de formulation non sexiste des textes administratifs et législatifs de la Confédération119. Les administrations cantonales et les hautes écoles publient leurs propres recommandations120[source secondaire nécessaire].
En juin 2019, le parlement de la ville de Zurich refuse d’examiner et de voter une interpellation rédigée (en allemand) par une conseillère communale UDC car elle n’utilise que le genre masculin121. Cette décision est retoquée quelques mois plus tard par le Conseil de district de Zurich qui donne raison à l’élue UDC122.
Notes et références[|]
Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article intitulé « Langage épicène » (voir la liste des auteurs).
↑ Manuel d’écriture inclusive, Raphaël Haddad (dir.), Mots-Clés, 2016 (lire en ligne [])

a b c et d Marie Loison-Leruste, Gwenaëlle Perrier et Camille Noûs, « Introduction. Le langage inclusif est politique : une spécificité française ? », Cahiers du Genre, vol. n°69, no 2, 2020, p. 5 (ISSN 1298-6046 et 1968-3928, DOI 10.3917/cdge.069.0005, lire en ligne [], consulté le 5 juillet 2021)
↑ dans sa Grammaire du français inclusif: « Nous entendons par langage inclusif l’ensemble des variations langagières fondées sur la notion de genre, en particulier sur le rejet d’une hiérarchie entres les représentations sociales ou symboliques qui sont associées aux genres grammaticaux, ces variations ayant pour objectif d’inclure et de visibiliser tous les genres dans la langue comme dans la pensée »

a et b « Français inclusif : conceptualisation et analyse linguistique », SHS Web of Conferences, vol. 46, 2018, p. 13003 (ISSN 2261-2424, DOI 10.1051/shsconf/20184613003, lire en ligne [], consulté le 27 septembre 2021)

a b c et d Alpheratz, Grammaire du français inclusif : littérature, philologie, linguistique, 2018 (ISBN 978-2-9552118-6-1 et 2-9552118-6-9, OCLC 1098216303, présentation en ligne [])

a et b MY ALPHERATZ, « Français inclusif : du discours à la langue ? », Le discours et la langue, les Défis de l’écriture inclusive no 111, 2019, p. 53–74 (lire en ligne [], consulté le 27 septembre 2021)

a et b Josiane Boutet, « Alain RABATEL et Laurence ROSIER (dir.), « Les défis de l’écriture inclusive », Le discours et la langue 11 (1), 2019, 187 p. », Langage et société, vol. N°171, no 3, 2020, p. 220 (ISSN 0181-4095 et 2101-0382, DOI 10.3917/ls.171.0220, lire en ligne [], consulté le 27 septembre 2021)

a et b Hugues Peters, « Alain Rabatel et Laurence Rosier (coord.), Les défis de l’écriture inclusive », Cahiers de praxématique, no 74, 31 décembre 2020 (ISSN 0765-4944, lire en ligne [], consulté le 27 septembre 2021)

a et b Yarubi Díaz et David Heap, « VARIATION DANS LES ACCORDS DU FRANÇAIS INCLUSIF » [] (consulté le 27 septembre 2021)
↑ De la féminisation des noms de métiers à l’émergence d’un genre neutre en français : quelles néologies ?, « Gabrielle Le Tallec Lloret »(.org • Wikiwix • .is • Google • Que faire ?), sur cineo2018.sciencesconf.org, 2018 (consulté le 27 septembre 2021)
↑ Daniel Elmiger, « Binarité du genre grammatical – binarité des écritures ? », Mots. Les langages du politique, no 113, 9 mars 2017, p. 37–52 (ISSN 0243-6450, DOI 10.4000/mots.22624, lire en ligne [], consulté le 19 septembre 2021)
↑ Borde 2016.
↑ Éliane Viennot, « Françaises, Français : le langage inclusif n’est pas une nouveauté », The Conversation, 15 octobre 2018 (lire en ligne []) : « le second point dans les mots au pluriel est à oublier, c’est un simple héritage des parenthèses ».
↑ Arièle Bonte, « La fédération des Aveugles dénonce l’écriture inclusive comme « langue illisible » », RTL, 2 novembre 2017 (lire en ligne []).
↑ Camille H, « Recommandations pour une écriture inclusive et accessible » [], sur Légothèque, 7 novembre 2017.
↑ (en) Boris Schapira, A Jekyll plugin that attempts to fix french (and some english) microtypography : borisschapira/jekyll-microtypo, 10 novembre 2019 (lire en ligne []).
↑ « Écriture inclusive et accessibilité » [], sur Des livres et les mots, 24 novembre 2017.
↑ « Écriture inclusive au point médian et accessibilité : avançons vers des solutions » [], sur Le Lutin du Web, 6 mai 2019.

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Voir aussi[|]
Articles connexes[|]
Féminisation des noms de métiers en français
Féminisation linguistique
Genre neutre en français moderne et contemporain
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Portail de la linguistique Portail du genre

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La et le en écriture inclusive
Comment écrit-on la et le en version inclusive déjà ? ACCUEIL. ARTICLES. FICHES. À PROPOS. More. Dictionnaire eninclusif.fr. Equipe enclusif.fr. 29 mars 2021; 1 min de lecture; La et le en écriture inclusive. Dernière mise à jour : 15 févr. Comment écrit-on la et le en version inclusive déjà ? Pour rechercher de nouveaux mots à écrire de manière inclusive, vous pouvez …

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Écriture inclusive – Définition, règles et exemples – toutCOMMENT
Pourquoi utiliser l’écriture inclusive ? C’est là que rentre en jeu l’écriture inclusive qui, comme son nom l’indique, a pour but d’inclure par le biais du langage tous les genres, orientations sexuelles, ethnies, différences physiques et visions du monde.

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L’écriture inclusive en français – Scribbr
L’écriture inclusive en français Voici une présentation de l’écriture inclusive et de ses règles de base. Nous vous indiquons aussi quelles universités utilisent l’écriture inclusive. FAQ Qui sommes-nous ? L’équipe Les correcteurs Devenir correcteur Contactez-nous ! Mon compte Commandes Télécharger Détails du compte Déconnexion

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Ecriture inclusive : nos conseils et exemple • Content&Marketing
L’écriture inclusive est un amas de pratiques visant à gommer les différents éléments du langage qui sont genrés et sexistes. Ce qui passe par différentes graphies et règles propres à la manière d’écrire le français. Le but est de revenir sur différentes règles appartenant à la langue et qui empruntent des stéréotypes de genre.

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Ecriture Inclusive : le Guide Complet – Studio Eskimoz
L’écriture inclusive constitue un ensemble de règles et de pratiques qui visent à éliminer la discrimination entre les genres féminin et masculin. Cette dernière est perçue comme forcée puisque établie depuis des siècles dans notre communication écrite ou orale. Alors, quelles sont les grandes règles de l’écriture inclusive ?

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https://www.unarticlepourleweb.fr › règles-et-exemples-de-ecriture-inclusive
Exemples d’écriture inclusive : Les règles et la définition
L’écriture inclusive est née du constat que la langue française, dépourvue de noms neutres, desservait le féminin au profit d’une utilisation injustement favorable au masculin. Cette inégalité aurait des conséquences sur notre mode de pensée, notre vision du monde.

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Pour ou contre l’écriture inclusive? Deux linguistes débattent
L’écriture inclusive rompt avec les règles de prononciation et de ponctuation, ainsi qu’avec les règles morphologiques que les jeunes élèves sont en train d’acquérir. C’est pourquoi de nombreuses…

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Pour ou Contre l’écriture inclusive – Le Drenche
L’écriture inclusive est une manière différente d’écrire la langue française, jugée inégalitaire et discriminante par ses défenseurs. Elle désigne ainsi l’ensemble des attentions graphiques et…

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MANUEL D’ÉCRITURE INCLUSIVE – Toulouse III
L’écriture inclusive désigne l’ensemble des atten- tions graphiques et syntaxiques qui permettent d’assurer une égalité de représentations des deux sexes. Concrètement, cela signifie notamment : renoncer au masculin générique (acteurs « des du développement durable »), à la primauté du masculin sur le féminin

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https://ntdtv.fr › ecriture-inclusive-deconstruire-a-des-fins-ideologiques-interview-exclusive-de-m-eric-jacquod
Ecriture inclusive : déconstruire à des fins idéologiques (interview …
En 2021, l’écriture inclusive a été interdite au sein de l’administration suisse par le Conseil d’Etat valaisan qui a choisi de faire du respect du français dit académique une priorité. Un postulat visant à défendre la langue française a été soutenu par une majorité et le Conseil d’État a précisé qu’au sein de l’Administration cantonale, l’écriture inclusive n …

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où se trouve confort/agrément en cote d iv ?

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ou me faire vacciner covid ?

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comment avoir le numéro de ma cni ?

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qui a dit que la terre est ronde ?

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combien fromage par personne ?

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que sont les regles sous pilule ?

https://www.emancipees.com/cycle/regles/sous-pilule/Règles sous pilule : des fausses règles dont on pourrait … Règles sous pilule Concrètement en effet, les règles sous pilule correspondent à un saignement […]

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quand peut-il être juste de désobéir aux lois ?

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combien de temps peut on vivre avec l’hépatite b ?

https://fr.quora.com/Combien-de-temps-peut-on-vivre-avec-lhépatite-B?share=1Combien de temps peut-on vivre avec l’hépatite B ? – Quora https://fr.quora.com/Combien-de-temps-peut-on-vivre-avec-lhépatite-B?share=1 C’est juste une réponse sommaire :si c’est une hépatite b aiguë,on guéritet on […]

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quand faut-il opérer une rupture de la coiffe des rotateurs ?

https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2009/revue-medicale-suisse-230/quand-faut-il-operer-une-rupture-de-la-coiffe-des-rotateursQuand faut-il opérer une rupture de la coiffe des rotateurs https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2009/revue-medicale-suisse-230/quand-faut-il-operer-une-rupture-de-la-coiffe-des-rotateurs La lésion de la coiffe des rotateurs est une pathologie fréquente avec une prévalence […]

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